Russan le 19 Novembre 2017
Le coeur de l’Occitanie semble battre au rythme de l’été de la Saint Martin…un été interminable qui sèche et déseche toute créature vivante…
D’ailleurs en ce dimanche matin, il n’y a pas que la nature qui semble souffrir d’un stress hydrique caractéristique des longues périodes de sécheresse… quatre grimpeurs déshydratés déambulent dans un paysage de western Italien…
La conscience qui leur sert de guide les a éloigné la veille du robinet en même temps qu’elle les rapprochait de curiosités alcoolisées aussi diverses que variées. Victime d’une ivresse écologique les voila errant sur le plateau désertique des gorges du Gardon. Ils respirent à plein poumons l’air embaumé de la guarrigue qui se mêle à celui non moins parfumé de leur haleine qui embaume elle aussi un curieux parfum de plantes aromatiques de type Armoise plus connut sous son nom vernaculaire de Génépi. Cette météo désastreuse pour la nature atteind dans le Gard un niveau d’alerte maximum, à contrario elle fait le bonheur des grimpeurs et nous fait oublier le temps d’un weekend l’hiver qui frappe aux portes de Lyon.
Pour l’heure, nous voilà au bord d’un gouffre, celui de la Grande Beaume percée qui permet par un rappel en fil d’araignée d’atteindre le pieds des voies du secteur Castellas et d’admirer les voies les plus dures du coin. Le réveil est immédiat et l’occasion pour Jean-Paul de tester un nouveau matériel dont il a fait l’acquisition pour le club. L’Escaper de Béal est un système à la fois ingénieux et inquiètant fait de machards tressés et d’élastique et qui permet de mettre en place un rappel sur un seul brin! Une fois en bas il suffit d’effectuer des tractions et de relacher la corde à 5 ou 7 reprises pour la voir chuter. C’est décidé, nous lui laisserons la primeur de tester le système, on ne sait jamais.
Subjugué par la beauté de cette immense voute et sous l’mpulsion d’un Thomas tout excité à l’idée d’en découdre avec la gravité, nous cherchons dans ce dédalle de voies et de dégaines suspendues une ligne à peu près abordable…7c rien en dessous pour s’échauffer ! Nous allons passer une bonne partie de la matinée à s’essayer à ce qui s’apparente plus à de l’artif (surtout pour Jean-Paul et moi) qu’à de l’escalade…
Un jeune freluquet viendra nous interrompre pour nous demander conseil et savoir si nous ne serions pas les ouvreurs d’une voie qu’il convoite à proximité, sans doute un novice qui nous aura pris pour des cadors…il s’agit en fait après des recherches effectuées par Fred du meilleur falaisiste Français : Sed Bouin, pas moins ! Lui il tutoie les anges, il est fait partie du team EB et enfile les 9a comme des perles… Le gars a un petit défaut dans sa carapace c’est qu’il est encore plus bruyant que Fred quand il grimpe, il s’en est même excusé auprès des randonneurs qui se demandaient à quoi pouvait bien jouer ce drôle de bipède accroché au plafond !
Avec Jean-Paul nous irons avec assez peu d’enthousiasme nous essayer à du plus modeste, sans grand succès, puis nous écumerons la falaise pour admirer la beauté du paysage et de ces lignes faites de concrétions toutes plus surprenantes les unes que les autres dans des dévers impressionants…
Le retour par le plateau est l’occasion d’une dernière ballade au soleil dans un décor sauvage et pitoresque histoire de profiter encore un peu du sud avant d’affronter la grisaille et le froid qui règnent à Lyon…
Christian