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Les chemins du ciel

Activité : Via ferrata de haute altitude
Destination : Les Dolomites, la Brenta                                                       
Participants : Patrick, Raphael, Gérard, Christian.

Au-dessus des Dolomites
On croit voir le bonheur
On engage la poursuite
On ravale mille pleurs … (J.L Murat)

… 3 jours durant Nous avons poursuivi le bonheur dans les Dolomites, tutoyant des vides insensés,  cavalant de cime en cime, traversant les nuages, essuyant des orages. .. Les Dolomites c’est comme un songe minéral où la vie semble avoir fui, où semble régner un chaos…de pierres et d’émotions.  De montées d’adrénalines en descente dans la bouche des enfers par les échelles du diable… peut-être qu’ici plus qu’ailleurs nous poursuivons des sommets et des buts qui n’ont de cesse de nous fuir ,de s’éloigner, de se répéter à l’infini… Les Dolomites nous ont accueillis, bousculés, bouleversés, épuisés…
Quelques jours hors du temps…

J1 Destination Thucket…pas Puhket
En descendant du téléphérique du Grosté (2446m) et après quelques pas nous quittons des espaces aménagés pour le ski, pour entamer l’ascension d’immenses  gradins de Dolomite qui nous plonge déjà dans une dimension féerique.
Une courte ascension nous amène sur  le sentier Benini et les premières vires étroites, suspendues entre ciel et terre. Comme en apesanteur nous passons sous les sommets des cima Grosté (2898m), cima Falkner (2988m) et cima Sella (2919m), les brumes remontent de la vallée et lèchent les parois, des échelles semblent plonger au travers les nuages.

Nous contournons un éperon rocheux tout droit sorti d’un rêve de grimpeur et quelques pas de désescalade nous amène comme par magie au refuge Tucket … à 2240m d’altitude.

C’est pas Pukhet certes mais les refuges italien sont confortables et proposent douches chaudes, plusieurs menus le soir, diverses bières ainsi qu’un accueil chaleureux : que demander de plus ?

J2 Alimonta c’est que du plat !
Le réveil est difficile, la nuit n’a pas été très reposante, le petit déj nous permet de faire le point car la météo se dégrade. Deux options s’offrent à nous pour atteindre le refuge d’Alimonta, continuer par la via prévue ou rejoindre le sentier SOSAT.  Patrick nous propose de tenter notre chance par la via initiale, La Via delle Bochette Alte, réputée pour être longue et difficile. Beaucoup choisiront l’option SOSAT…
Nous quittons le refuge par un sentier qui s’élève de plus en plus sévèrement jusqu’à La Bocca Del Tuckett.

La pluie commence à tomber par intermittence, nous nous posons quelques instants pour revêtir gore tex et sursacs. Dixit Patrick notre GO platiste, nous allons aborder la via qui est « plate ».  Sauf à omettre les 1000m de dénivelé positifs frôlant des sommets à 3000m, effectivement c’est plat !

Le spectacle est grandiose mais nous ne trainons pas car l’orage nous poursuit de près, très près et nous sommes haut très haut. La brume descend ou monte et nous enveloppe d’un linceul de silence. Nous sommes sur une vire étroite en forme de fer à cheval, environ à la moitié de la via et chacun sait désormais qu’il faut avancer et espérer la clémence des cieux… en forme de réponse un grondement énorme déchire le silence et la pluie commence à tomber, notre visibilité n’excède pas les 10m, la roche et les câbles sont humides,  l’ambiance est inquiétante… nous sortons de ce cul de sac pour accéder à un plateau dénudé et balayé par un vent violent que nous traversons pour poursuivre sur le fil d’une arrête avant d’entamer une longue descente.

Se succèdent échelles, vires et désescalade dans un décor majestueux et le ciel semble enfin vouloir nous épargner et retenir sa colère… C’est donc plus détendu que nous accédons aux dernières échelles vertigineuses qui  nous déposeront sur la moraine menant au refuge.

 …et le soleil facétieux brillant de mille feux  salue notre arrivée au refuge Alimonta le plus haut des Dolomites (2580m)…5mn plus tard il pleut à verse ! Une tempête sévira toute la nuit… A cheval sur les toits, un vrai tonnerre de Brest avec ses cris de putois, allumaient ses feux d’artifices…. Beaucoup de ceux qui ont choisi le plus court chemin (SOSAT) arriveront bien après nous, trempés jusqu’aux os. Une étoile de plus pour la perspicacité météorologique de notre guide qui a fait le bon choix d’itinéraire !

J3 Nuances de gris
Au 3ème jour, repus de fatigue nous décidons de rejoindre des altitudes plus modestes. Nous quittons les chemins du ciel pour le chemin du retour, revenant pas après pas à une autre réalité comme on se réveille après un songe et la vie qui semblait absente jusqu’alors renait colorée, vive,  luxuriante…
Un tichodrome arpente les falaises, les nuances de gris (50 ?) s’effacent lentement et le vert gagne sur le minéral, Edelweiss et orchidées foisonnent et saluent notre long retour à la civilisation (12km).

Sur le chemin des ours le renoncement nourrit l’envie de revenir en cette terre d’Italie, dans ce décor qui ne semble pas à la dimension des hommes et pourtant chargé d’un irrépressible pouvoir d’attraction. Les Dolomites, lieu insoumis malgré l’empreinte de l’homme nous ont pris et on finit par nous rendre…peut-être un peu différent, chargé d’émotions, d’images et de souvenirs.

Ps : Plein de ressources Patrick a aussi été notre guide Michelin dans la découverte de la gastronomie locale, merci à lui pour ce voyage et l’organisation qu’il a nécessité. Merci à nos deux autres compagnons Gérard (néo membre du club) et Raphaël qui se sont relayés pour le voiturage et la traduction dans les refuges polyglottes…

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