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La directe pas directe

Une sortie hors Club et hors normes avec Till et Patrick
J’aurai pu appeler ça le petit poucet ou les Rolling stones rapport aux cailloux qui tombent ou aux cailloux qu’on cherche… pas sûr que ça fasse marrer Patrick…lui il a préféré : La directe pas directe.

Pour faire synthétique, tombé du plume à 5h30 un jour de Fête Nat (moi qui d’habitude reste dans mon lit douillet) et du sommeil de l’enclume à 3h30 le lendemain ! Encore des chiffres ? La directe des Bœufs une grande voie en D, 15 longueurs, 400 m de grimpe 5c max, un sommet le Roc des bœufs à 1774m d’altitude, 1h de marche d’approche 1h30 de retour de nuit à la lampe du portable, et des litres de sueurs… froides les sueurs.

L’ambition…

J’avais dit à Patrick : « tu verras c’est une jolie balade verticale, 2 fois que j’lai faite dont une fois j’me suis coltiné toutes les longueurs en tête suite à la trahison de mes coreligionnaires dès la 1ère longueur. Tu peux y aller les yeux fermés c’est du fastoche Patoche ! ». Pat s’était renseigné, JP avait surenchérit, il l’avait faite également « Fingers in the nose » Fred et Thomas itou on pouvait pas se gourer : C’EST DU FACILE ! Ayant foi en l’humanité et confiance dans la parole de ses congénères Pat s’était dit qu’emmener un béotien de la GV (Till) en associant ses compétences de Président certifié FFME à celle d’un plus… plus expérimenté (bibi) ayant déjà trainé ses guêtres dans le coin, constituerait la formule gagnante… oui mais voilà…

« Il faut trouver la voie »

La marche d’approche à travers les alpages où paissent les bovins, la prairie encerclée par la sylve odorante, le chant des p’tits zozios, la beauté des paysages, un balcon sur les eaux bleues du lac d’Annecy… ici le contemplatif prendrait plutôt le pas sur l’homme d’action… sauf qu’aujourd’hui on n’est pas venu pour trier les lentilles, on a du rocher à tâter, une voie à mater, de l’urgonien que c’est le calcaire du sculpté de la toute 1ère qualité… Sans détour on se retrouve au départ de la voie. Au pied de la belle nous équipons les nôtres tranquillement, enfilons le baudard et le chargeons de la ferraille et du textile nécessaire à l’ascension. Il est 10h quand Pat pose le chausson sur la 1ère longueur encore rempli d’énergie et de confiance.

Les fameuses cannelures..

Au 1er relai Till découvre l’inconfort de l’accueil, à la seconde longueur la beauté des cannelures et l’espacement des points… A la 3ème les lunules le subjuguent et leur solidité l’interroge, la 4ème c’est l’étonnement : y a plus de relais mais un arbre, à son goût ça manque un peu d’inox tout ça…pis pour une dalle y a quand même pas mal de gaz… Till prend sur lui, Pat joue les pédagogues ça cause technique et manip le beau temps est avec nous… jusqu’ici tout va bien. Au sommet de la 6ème on sort le frichti on respire et on contemple la vue sur le lac et les Alpes…

« Le réel c’est quand on se cogne »

Un petit rappel de 15m nous ramène sur une vire herbeuse que nous remontons jusqu’à un petit collet que nous dépassons pour rejoindre une plaquette repérée de loin par mes zigues et c’est là le hic !

Camp to camp : « (Ne pas traverser sous le pilier par une sente bien marquée.)
Le départ de L7 se situe juste au-dessus du collet (spit visible dans la dalle) »
Les spits visibles ne sont pas les bons, nous partons billes en tête dans une voie sans issue !
Patrick reste en leader fixe et continue à suivre tant bien que mal quelques spits semés de ci de là mais nous voilà en terra incognita. Persuadé qu’il n’existe pas d’autre voie à proximité et c’est le cas officiellement, Pat progresse dans ce qui s’apparente de plus en plus à une jungle et à un désert de spits… L’engagement est de plus en plus prégnant et la recherche d’itinéraire usante… Till et moi l’encourageons collés contre la falaise, un léger bombé nous surplombe. On ne le voit plus mais Pat avance et soudain hurle « caillou ! » on rentre la tête et une pavasse énorme jaillit comme éjectée d’un toboggan retombe en se fracassant quelques mètres derrière nous et dévale le couloir que nous dominons jusqu’à la prairie 300m plus bas… En dehors de la grosse frayeur tout le monde est indemne, Pat se ressaisit rapidement inspecte la corde potentiellement tonchée, rejoint un arbre se vache et installe un relai. Nous le rejoignons Till n’est plus du tout rassuré. Cinq mètres à notre gauche planqué sous une jungle de branches et d’arbustes un relai apparait, Pat se lance à nouveau installe fébrilement un nouveau relai. Sur la longueur suivante il n‘y a plus rien, aucune trace de voie, aucun points, Pat commence à fatiguer, il se déplace sur une vire instable faite de caillasses concassées et ça devient dangereux. On tergiverse redescendre ? poursuivre dans une dalle verticale ? Dragon 74 ou dormir là… on rejoint Pat pour juger de plus près ce que nous pouvons envisager. La descente serait compliquée mais possible, pour Till pas question de descendre en rappel et je préfère l’éviter également, tenter de sortir par le haut qui parait tout proche semble la meilleure option. En choisissant la fuite en avant nous savons qu’il nous faudra sortir avant la nuit ou dormir sur une vire… Je prends le relai de Patrick et me lance en direction d’un sapin. Rien de très difficile mais il faut rester vigilant choisir ses prises essayer d’anticiper l’itinéraire, jardiner. Faire le sanglier, ça je sais, je suis allé à bonne école c’est Mitch un ancien qui m’a tout enseigné… Les relais sont parfois précaires sur arbre, sur rocher ou sur écaille, je compose avec ce que je trouve, parfois un arbuste ou une lunule pour poser une protection, souvent rien… A plusieurs reprises nous sommes certains d’être au sommet mais un nouveau bastion à franchir se dévoile… Sans se décourager nous avançons j’ai encore de l’énergie, c’est Pat qui a fait le plus dur jusqu’à maintenant, à mon tour d’essayer de sortir au sommet… La nuit commence à tomber je suis au pied d’un petit ressaut vertical il me semble qu’en le franchissant la suite sera plus aisée. Je m’engage, les cannelures sont correctes et après un réta j’atteins un arbre sur lequel j’installe un énième relai. Mes compagnons me rejoignent la nuit est presque tombée nos yeux s’habituent à l’obscurité naissante. Est-ce la nuit ou la fatigue mais Pat n’a plus la force de critiquer la qualité peu académique de mes relais… Il faut à nouveau s’engager dans l’inconnu mais cette fois c’est la bonne surprise, la pente enfin s’incline doucement je me redresse et soudain me voilà à la verticale sur ce qui ressemble à… un sentier de randonnée ! je suis soulagé, je communique ma joie à Pat et Till… je contemple le paysage, les lumières des hameaux alentours, la nuit s’est installée et je me sens bien, simplement heureux d’être là…

La ville s’endormait et j’en oublie le nom…

Le dénouement

Les corps lourds et fatigués glissent doucement dans la nuit claire. Une sente qui serpente à travers les arbres nous ramène lentement vers les lumières vacillantes de la ville endormit. La lune gibbeuse semble nous observer… Éclairé par les portables nous redessinons les contours de cette étrange et interminable journée, j’en garde l’essentiel, la solidité de notre leadeur Pat, la fraicheur de Till sa confiance et sa motivation, l’état d’esprit de notre cordée qui au final nous a permit de sortir tard certes très tard mais sans encombres…

5 Comments

  1. Matthieu

    Quelle épopée heureux que vous soyez indemne.
    Christian cette fois c’est promis à Noël je t’offre une frontale😁

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